Chapitre 2 : La vie politique encadrée par les partis

La vie politique française repose sur un clivage droite/gauche qui existe depuis la Révolution française. Les partis se déplacent régulièrement sur l’échiquier politique.

Section 1 : Les grands courants politiques du 19e siècle

§ 1. Le monarchisme et le bonapartisme

A – Le monarchisme traditionnel

Le monarchisme traditionnel fait l’éloge de la tradition, qu’il considère comme le fondement de la légitimité politique.
Idée : le régime fonctionne parce qu’il est fondé sur une base qui a été affinée avec le temps.

Après la Révolution française, les monarchistes traditionnels demandent le rétablissement de la situation antérieure.
Idée : les révolutionnaires ont brisé la chaîne de la tradition.
Ils sont appelés « contre-révolutionnaires ».

Ils se rallient progressivement au régime napoléonien.
Sous la Restauration, ils considèrent que le régime est trop conciliant avec les révolutionnaires. Ils sont appelés les « ultra » et sont critiques de la politique de Louis 18.
Sous la monarchie de Juillet, on ne parle plus d' »ultra » mais de « légitimistes », puisque pour eux seule la branche de Charles 10 est légitime pour occuper le trône.
Ils partagent la majorité au sein de l’Assemblée.

B – Le monarchisme constitutionnel

La Constitution du 3 septembre 1791 institue une monarchie constitutionnelle.
Pour la 1ère fois : séparation des pouvoirs. On sépare l’exécutif et le législatif.
L’exécutif est confié au chef de l’État Louis 16.

De 1814 à 1848 (1ère et 2nde Restauration), la France connaît une 2ème expérience de monarchie constitutionnelle.
Louis 16 est hésitant.
Louis 18, plus habile que Louis 16, réussit à maintenir un équilibre entre l’expression de son autorité et le fonctionnement des institutions.
Louis-Phillipe est habile également mais s’est parfois montré autoritaire.

Le libéralisme politique suppose l’existence de pouvoirs constitutionnels qui sont distincts du roi.
Louis 18 a dû intégrer dans son mode de gouvernement les principes libéraux (c’est donc une restauration incomplète).
Le roi continue à nommer les ministres (Charte de 1814). Il suit le courant dominant du moment mais se réserve la possibilité de favoriser telle ou telle personne en fonction de ses goûts personnels.
Le roi sert aussi d’arbitre entre les différents mouvements politiques.
Il fait pression sur le pouvoir législatif en s’appuyant sur l’opinion publique et en exerçant son droit de veto.
Il peut dissoudre la Chambre des députés.

Le roi doit se manifester suffisamment pour que ses pouvoirs ne disparaissent pas, mais il ne faut pas qu’il s’engage trop dans des causes risquées.
→ le roi doit trouver cet équilibre
→ Louis 18 a réussi, mais pas Charles 10 ni Louis-Phillipe

Le monarchisme constitutionnel n’est pas très populaire.
Seul 1 seul roi a réussi, et le suffrage est très restreint (100 000 à 200 000 personnes).
Les parlementaires sont choisis dans un groupe social très fermé.
La politique étrangère française est terne car très (trop ?) prudente.
Exemple : en 1791, on reproche à Louis 16 de s’être trop rapproché des puissances étrangères hostiles à la Révolution. Louis 18 est mis au pouvoir par des puissances étrangères.

C – Le bonapartisme

De 1799 à 1814, puis au milieu du 19ème siècle.
Compromis entre la monarchie et les principes démocratiques.

Bonaparte prend le titre d’empereur (→ conçu sur un mode héréditaire).
Il est sacré le 2 décembre 1804 (→ entoure le titre d’empereur d’une dimension religieuse).

Dès son arrivée au pouvoir, Napoléon se réclame de la souveraineté nationale / de la volonté du peuple, car il va souvent consulter le peuple par plébiscite.
→ une légitimité tirée de l’Ancien Régime
→ une légitimité empruntée à la Révolution

Dans la réalité, le régime bonapartiste est dans un 1er temps militariste, avec comme volonté d’imposer une autorité commune à toute l’Europe en créant un empire européen.

À partir de 1812, les ambitions européennes de Napoléon sont revues à la baisse.
Il revient aux idées initiales : les idéaux de la Révolution, liberté définie par les révolutionnaires.
On s’éloigne alors du monarchisme pour se rapprocher encore plus du césarisme (régime dans lequel l’essentiel des pouvoirs est exercé par un personnage unique qui tire sa légitimité de l’appui du peuple lui-même).

Napoléon III prend le pouvoir par coup d’État le 2 décembre 1851.
Il ne suit pas le même bonapartisme.
Points communs :
> on maintient le schéma césarien
> on s’appuie sur l’organisation administrative (figure du préfet qui permet de contrôler l’opinion publique dans les départements)
> multiplication des assemblées et recours fréquent au plébiscite

Mais grande différence : Napoléon III promeut la paix.
Lors du Pacte de Bordeaux en 1852, il promet que l’Empire sera pacifique. « L’Empire, c’est la paix ! »
Mais il trahit cette promesse, en menant des expéditions militaires en Italie, au Mexique et contre la Prusse, perdant ainsi le soutien des catholiques.

La perte de ses soutiens force Napoléon III à faire des réformes en faveur du pouvoir législatif. Il est aidé par ses idées personnelles (sympathie aux idées socialistes).
Il prend des mesures en faveur des travailleurs, en autorisant notamment certains travailleurs à contacter les syndicalistes anglais.
En 1864, il dépénalise la grève.

Le bonapartisme s’est ensuite surtout manifesté dans la défense du suffrage universel.
Pendant la crise du boulangisme, les bonapartistes se rallient au général Boulanger.
Le courant disparaît ensuite progressivement.

Le régime impérial est plutôt considéré avec faveur par les élites politiques, mais le peuple n’a pas été impressionné (surtout par le Second Empire).
Victor Hugo critiquait Napoléon III : « Napoléon le petit ».

§ 2. Les libéralismes

Ce sont des mouvements multiformes. Le libéralisme politique ne doit pas être confondu avec le libéralisme économique.

Le libéralisme prend son essor à partir de la Révolution française.
Il passe d’abord par une phase idéologique : il se manifeste dans la DDHC.
Il est mis à mal par le bonapartisme, qui y sera sensible pendant les Cent-Jours.
Il s’exerce aussi pendant la Restauration, récupéré par l’orléanisme.
À la fin du 19ème siècle, il est récupéré par le radicalisme.

Le libéralisme s’exerce surtout sur l’économie.
Idée : ce qui fonde le pouvoir, c’est avant tout la propriété terrienne.
Individualisme + liberté du commerce.

Les libéraux interdisent le corporatisme (associations fondées sur le métier) et pénalisent la grève.

Pendant la 3ème République, les libéraux connaissent des difficultés parce qu’ils ont désormais acquis le pouvoir et que, si le libéralisme fonctionne bien comme moyen d’opposition, des contradictions apparaissent entre les principes affichés et les exigences du maintien de l’ordre public et du respect des lois de la République.
Ils sont obligés de se compromettre et d’entrer en contradiction avec leurs idéaux.
Ils mènent une politique défavorable aux libertés publiques, en décalage complet avec les problèmes sociaux posés à la fin du 19ème / début 20ème siècle.

Le libéralisme de gouvernement est donc fortement critiqué et s’adapte.
Le néolibéralisme essaie de tenir compte des critiques et réalités politiques. Il essaie de traiter :
> l’exercice effectif des droits par les catégories sociales défavorisées
> les inégalités sociales

§ 4. Le nationalisme jusqu’à la 3ème République

Le nationalisme est un mouvement qui, à l’origine, correspond aux doctrines de gauche.
Elle devient une idéologie de droite pendant la 3ème République.

Le nationalisme prend ses origines à la Révolution. On parle alors de « patriotisme ».
Les patriotes sont des révolutionnaires. Ils utilisent le thème de la patrie en danger pour mobiliser.

Ils ont une volonté d’unité nationale : « la République une et indivisible ».
Ils veulent également une unité administrative, avec les circonscriptions (communes et départements, créés pour rompre avec les provinces de l’Ancien Régime).

Ils promeuvent également une centralisation, dans la prolongation de la politique suivie par la monarchie de l’Ancien Régime.
À partir de 1792, le jacobinisme (un mouvement révolutionnaire) met en place une centralisation très forte.
Au début, on veut des élections à chaque niveau de l’administration, mais à partir de 1793 la centralisation est beaucoup plus autoritaire, avec des comités mis en place par la Convention.

Napoléon poursuit cette politique en créant les préfets, qui sont des relais locaux de l’autorité centrale.

Le nationalisme a une vocation universaliste. Ses valeurs doivent s’exporter dans les autres pays.
→ les révolutionnaires engagent des conflits contre des pays étrangers
République conquérante, initiée par les jacobins
⇒ fort sentiment anti-français à l’étranger, notamment en Allemagne, ce qui provoque par réaction l’apparition du nationalisme allemand, et inspire aussi des promoteurs de l’unité italienne.

Le nationalisme est opposé à la monarchie et à l’Ancien Régime, et à l’aristocratie cosmopolite.
→ phénomène de l’émigration

Le patriotisme reste un mouvement de gauche.
Sous le 2nd Empire, les républicains se montrent réservés face aux opérations militaires menées par Napoléon III.
Les nationalistes sont pour l’unité italienne mais contre l’expédition mexicaine.

1870-1871 : dernier moment où la gauche se montrera nettement nationaliste : Gambetta et les républicains font campagne pour reprendre la guerre contre la Prusse.
À l’inverse, la droite monarchiste est pacifiste et veut la signature d’un traité de paix.

Section 2 : La naissance et l’évolution des partis politiques à partir de la 3e République

Les partis sont conçus comme des instruments de conquête du pouvoir.
Ils naissent des années 1880 au début du 20ème siècle.

§ 1. La naissance des partis politiques

A – Les courants politiques à la fin du 19ème siècle : le poids du passé

Avant la naissance des partis : principe de la totale liberté des députés.
Mais les députés qui ont les mêmes idées vont se concerter et établir des conduites communes. Ils forment des groupes informels dans lesquels la participation est libre.
Ils se répartissent entre la droite et la gauche.

1) La droite

À la fin du 19ème siècle, la droite est composée de quelques bonapartistes, de monarchistes, + apparition des nationalistes (auparavant à gauche).

  1. Les bonapartistes disparaissent rapidement à la fin du 19ème siècle, mais participent à la crise boulangiste.
  1. Les monarchistes sont désormais républicains et se répartissent entre :
    1. les légitimistes, fervent catholiques qui veulent intervenir dans le domaine social ; promoteurs du « catholicisme social », mouvement ouvert aux ouvriers qui vise l’amélioration de leurs conditions de travail, ils fondent des cercles catholiques ouvriers.
    1. les orléanistes, qui condamnent toute intervention de l’Église dans la sphère publique ; tournés vers le monde des affaires, ils sont favorables au protectionnisme ; en matière sociale, ils sont indifférents.
  1. Les nationalistes : sous la 3ème République, beaucoup d’hommes de gauche restent très attachés à l’idée de « grandeur nationale » et de défense de la patrie.
    Dans les années 1880, le mouvement nationaliste devient essentiellement de droite. Beaucoup de français veulent prendre leur revanche (« revanchards ») et sont déçus par le nouveau régime, jugé faible et lâche.
    Cristallisation d’une idéologie nationaliste hétérogène, républicain et monarchiste :

     

    1. Militariste : pour eux, l’armée est le symbole de la grandeur de la France et de son unité, par opposition aux parlementaires ;
    1. Clérical : idée que les positions de l’Église doivent jouer un rôle dans la vie publique (→ crée des tensions avec les républicains) ;
    1. Antiparlementariste : pour eux, on se rapproche du régime d’assemblée, c’est-à-dire un régime dans lequel il y a une confusion des pouvoirs au profit d’une assemblée. Ils assimilent ce parlementarisme au régime de la Convention (1792-1795).
      Ils critiquent aussi l’absence de véritable chef.

2) La gauche

La gauche est partagée entre les mouvements qui arrivent au pouvoir et les mouvements plus marginaux.
Il y a 5 mouvements principaux, dont 3 arrivent au pouvoir.

  1. Les opportunistes, qui représentent la petite et moyenne bourgeoisie et une partie de la classe ouvrière. Ils rejettent la monarchie et le pouvoir personnel, et ils sont anticléricaux.
    Héritiers des révolutionnaires, favorables aux libertés publiques mais opposés au suffrage universel, par peur d’une régime de type napoléonien.
    Membres notables : Jules Ferry, Gambetta.
  1. Les radicaux apparaissent sous le Second Empire.
    Ce sont des républicains qui profitent des nouvelles libertés pour s’opposer frontalement à Napoléon III.
    En 1869, ils présentent le programme de Belleville.
    Ils proposent des réformes radicales :
    > séparation des Églises et de l’État
    > régime républicain d’assemblée unique
    > impôt sur le revenu
    Ils s’intitulent eux-mêmes radicaux. Ils sont attachés à la démocratie. Ils constituent des comités électoraux (se fédèrent au niveau départemental), avec une solidarité entre eux.
    Ils refusent le compromis avec les conservateurs et représentent l’extrême-gauche.
    Ils s’intéressent plus aux problèmes économiques et sociaux qu’aux problèmes politiques.
    Ils n’adhèrent pas à l’idée de lutte des classes ; ils sont partisans d’un État fort et dirigiste sur le plan économique.
    Contrairement aux opportunistes, les radicaux sont défavorables à la colonisation.
  1. Les socialistes s’expriment de manière forte pendant la Commune de Paris. Les élus socialistes seront ensuite condamnés. Il faudra ensuite attendre la fin du 19ème siècle pour voir des députés socialistes à la Chambre.
    Il y a plusieurs types de socialisme.
    Les socialistes sont révolutionnaires (contrairement aux radicaux). Les échéances électorales ont donc à leurs yeux moins d’importance : ils considèrent que la réforme de l’État doit passer par la Révolution.
  1. Les communistes ne veulent pas se plier aux règles de la démocratie représentative, qu’ils voient comme gangrenée par la domination bourgeoise.
    Ils considèrent que les partis de gauche sont plus dangereux que les partis de droite.
  1. Les anarchistes n’ont pas de doctrine construite. Ils sont réfractaires à tout type de contrainte (politique, morale, économique) et prônent la liberté absolue (→ « libertaires »).
    Ils sont partisans du terrorisme et assassinent plusieurs personnalités politiques françaises et étrangères.
    Ils se rapprochent ensuite des syndicats et prônent la grève générale comme moyen d’action.

3) Les alliances de circonstance

Ces différents mouvements vont parfois s’allier entre eux dans certaines circonstances, lorsqu’ils ont un objectif commun.

a) L’alliance comme moyen d’opposition politique : l’Union libérale

Les élections de 1863 marquent un tournant dans la vie politique : des mouvements qui n’ont rien à voir se retrouvent ensemble dans l’opposition face à Napoléon III.

Les démocrates libéraux et la droite monarchiste font une alliance : l’Union libérale.
Objectif : battre les candidats de la majorité.

L’Union n’obtient pas la majorité mais remporte une victoire, car les députés de l’opposition sont 3 fois plus nombreux qu’avant.
Les voix de l’opposition sont désormais entendues publiquement car les comptes-rendus sont publiés dans le Moniteur (équivalent du JO actuel).
Exemple : discours d’Adolphe Thiers sur les libertés nécessaires (1- de l’individu, 2- de la presse, 3- des élections, 4- du corps législatif).


b) L’alliance en vue de l’insurrection : la Commune

La Commune de Paris est une insurrection qui éclate le 18 mars 1871.

Au Moyen-Âge, « commune » désigne un mouvement insurrectionnel des villes contre le pouvoir seigneurial. Les communes obtiennent des droits et devoirs pouvant aller jusqu’à l’indépendance.

La Garde nationale de Paris est une institution révolutionnaire qui date de 1789.
Elle se veut être une manifestation de la souveraineté nationale : c’est une milice composée de citoyens.
Dans chaque département, une Garde nationale est constituée.
En 1870 (guerre contre la Prusse), elle est mobilisée pour défendre Paris.
Lorsque l’armistice est conclu, la Garde nationale, favorable à la République, refuse d’accepter la fin des combats.

Les gardes nationaux décident de se doter de leurs propres institutions pour poursuivre la défense de la capitale. Le 10 mars 1871, ils adoptent les statuts et forment un comité central.
Ce comité dirige la ville de Paris et représente l’opposition à l’autorité de l’Assemblée constituante.

L’armée tente de récupérer les canons de la garde nationale, sans succès.
Jules Ferry, maire de Paris, conseille la négociation. Adolphe Thiers refuse, évacue les troupes de Paris pour reconquérir la ville quartier par quartier.

Une coalition se met en place au cœur de la commune.
Le comité central organise des élections pour l’assemblée législative qui serait l’organe législatif de Paris.
Dans l’Assemblée communale (qui se considère comme le gouvernement légal de Paris mais aussi du pays entier), alliance des mouvements de gauche : jacobins + blanquistes + communistes + socialistes.

Dans un 1er temps, adoption de mesures économiques, politiques et sociales.
Mesures politiques symboliques : drapeau rouge, retour au calendrier révolutionnaire.
Sur le plan économique : tentative de remettre en marche les usines abandonnées de Paris.
Sur le plan social : suppression des retenues sur salaire, abolition du travail de nuit.

L’alliance s’affaiblit. Opposition entre la majorité blanquiste et la minorité socialiste.
Les commissions qui doivent mettre en place les décisions de l’Assemblée se révèlent inefficaces. Les blanquistes veulent donc mettre en place un Comité de salut public.
Les socialistes préfèrent une fédération de communes et accusent les blanquistes et les jacobins d’organiser une dictature. Ils quittent l’Assemblée.

La Commune est réprimée par l’armée en quelques mois.
Après la Commune, les républicains évoluent vers le conservatisme, ce qui permet le ralliement des conservateurs et des monarchistes.
En 1871, la République, ce n’est pas la Révolution, c’est l’ordre public.


c) L’alliance en vue du coup d’État : le boulangisme

Si Boulanger était en capacité de prendre le pouvoir, c’est parce qu’il y avait derrière lui un mouvement puissant, composé des revanchards + certains monarchistes + bonapartistes + radicaux (→ alliance extrême-gauche / extrême-droite).

B – La création et l’institutionnalisation des partis depuis 1901

La loi de 1901 sur les associations permet aux différents partis politiques de se constituer formellement.
Loi Waldeck-Rousseau (président du Conseil) : loi anticléricale.
Permet aux associations de se former sans autorisation du gouvernement, sauf congrégations religieuses.

L’Action libérale populaire est un parti de droite, composé d’anciens monarchistes ralliés à la République.
À son apogée, il compte plus de 70 députés de la Chambre, 250 000 adhérents et 2 500 comités en France → c’est le plus important parti politique de droite.

Il est mis en sommeil pendant la Première Guerre mondiale (députés de droite dans l’union sacrée).
Après la guerre, il ne reste plus que les cadres, mais ils ont toujours une influence.

Le parti intègre la coalition de droite Bloc national, avec :
> l’Alliance démocratique, principale formation de centre gauche qui deviendra progressivement de droite
> la Fédération républicaine, créé en novembre 1903 : aile droite des républicains modérés (opportunistes) ; subsiste jusqu’en 1948


Les radicaux s’organisent sous la forme de comités électoraux au niveau départemental en 1895.
En 1898, ils fondent le Comité d’action pour les réformes républicaines, qui réunit toutes les fédérations radicales au niveau national.
Il fonde son existence sur le système électoral (on ne parle pas encore de partis).

Devient un parti après la victoire des radicaux dans la chambre des députés.
En 1901, Parti républicain, radical et radical-socialiste.
C’est le parti politique le plus ancien en France.


Le parti socialiste s’appelle au départ le SFIO.
Il est constitué en 1905 de la fusion du Parti socialiste de France (mouvement marxiste hostile à toute participation – même à un mouvement de gauche – si le gouvernement est bourgeois) et du Parti socialiste français (parti mené par Jean Jaurès, plus modéré, qui prône la réforme).

En 1911, les socialistes les plus modérés fondent le Parti républicain socialiste.

Le programme du SFIO est marxiste, même si dans un 1er temps c’est Jean Jaurès (modéré, assassiné en juillet 1914) qui domine.


Le parti communiste est situé dans la dépendance du bolchévisme russe.
Le PCF apparaît en 1920.

Après la révolution d’octobre 1917 en Russie, Lénine crée une nouvelle internationale qui réunit les différents pays marxistes des pays européens.
En 1920, le SFIO se réunit à Tours et le congrès constitue le Parti communiste français.
La majorité de la SFIO y adhèrent ; ils conservent les locaux et le journal.

Le PCF est en totale soumission à Moscou.
Maurice Thorez, dans les années 1950, se vantait d’être “le premier des staliniens”.

Cela engendre une nouvelle division à gauche, entre le PCF et les socialistes, qui veulent restent indépendants de Moscou et qui entrent de manière massive dans la Chambre des députés (ex : Front populaire de 1936).

§ 2. L’évolution des partis

Juste après leur naissance, les partis sont incapables de former des majorités au sein de la Chambre des députés.
Ils constituent des alliances, notamment sous la 3ème République. Ces alliances ne permettent pas de gouverner le pays de manière homogène.

Seuls certains partis vont sortir du lot et seront suffisamment puissants pour remporter à eux seuls des élections législatives.

A – Les coalitions de partis, solutions politiques éphémères

1) La 1ère grande coalition : l’Union sacrée

L’Union sacrée naît au déclenchement de la 1ère Guerre mondiale.
C’est une expression employée par le PR Raymond Poincaré dans son message au Parlement : il appelle à “une union sacrée entre tous les fils de la France”.

Cette union se forme pour répondre à une crise.
En août 1914, Viviani (président du Conseil) fait entrer dans son cabinet des socialistes et des représentants de l’extrême droite.
→ toutes les tendances politiques sont représentées au gouvernement

L’Union sacrée tient jusqu’en avril 1916, quand elle est dénoncée par les socialistes et syndicalistes.
Aristide Briand procède un remaniement → départ des socialistes.

2) Le Bloc national

Le Bloc national est créé pour remporter les élections, dans le contexte difficile de la sortie de la guerre.
Au sein de la gauche, il y a des tensions entre socialistes et radicaux.
Les socialistes mènent une manifestation de 100 000 personnes à Paris.

Lois votées : durée de la journée de travail, conventions collectives.
Nombreuses grèves à Paris et en province en 1919.
→ peur de la montée des idées bolchéviques

Les partis de droite jouent sur cette peur et développement un mouvement mené par Alexandre Millerand : Bloc national, coalition fondée pour remporter les élections législatives de 1919.

Libéralisme économique.
Favorable à un aménagement de la laïcité.
Renoue des relations avec le pape (la guerre a fait disparaître les tensions entre républicains et catholiques) → détente des relations entre l’État français et le Saint-Siège.

En 1920, Alexandre Millerand devient PR.
Il remet en cause la Constitution Grévy : il veut + de pouvoir.
Il intervient activement dans la conduite des affaires étrangères.

3) Le cartel des gauches

Les radicaux et socialistes, inquiets par Millerand, forment le cartel des gauches.
Ils remportent les élections de 1924.

Édouard Herriot devient président du Conseil.
Il forme un ministère composé de radicaux et de socialistes (les communistes sont exclus).

Mais il n’y a pas de programme commun entre les 2 formations.
Des conflits émergent sur la politique coloniale et la politique financière.
Contexte : difficultés financières → l’occupation de la Ruhr coûtent cher ; les épargnants, par crainte, retirent leurs économies.
L’État émet des bons du Trésor (prêt qu’un particulier consent à l’État).
Herriot contraint la Banque de France à augmenter la circulation monétaire → forte inflation.

La majorité du cartel des gauches prend rapidement fin.

4) L’Union nationale

L’Union nationale se forme pour les élections de 1926.
Permet à la droite d’être au pouvoir de 1926 à 1932.

C’est la 1ère fois qu’une coalition politique réussit à se maintenir, mais l’instabilité ministérielle continue.

L’Union nationale met en œuvre la relance économique.
L’État crée une caisse d’amortissement pour résorber la dette publique.

5) Le Front populaire

Jusqu’en 1932, aucune coalition rassemblant toute la gauche n’était possible, en raison de l’exclusion des communistes.
En 1933, Hitler arrive au pouvoir en Allemagne et les communistes se rapprochent des socialistes et radicaux.

Le Rassemblement populaire est créé en 1933.
En janvier 1936, il publie son programme “Pain, paix, liberté”.

  • Pain : améliorer le pouvoir d’achat par la mise en place d’un fond national de chômage.
    + office national des céréales pour lutter contre la spéculation
    + augmentation des retraites
    + politique de travaux publics pour relancer l’économie
  • Paix : nationalisation des industries de guerre.
    + collaboration internationale pour éviter la guerre
  • Liberté : augmentation des droits des syndicats
    + dissolution des ligues (extrême droite)

Aux élections de mai 1936, le Rassemblement populaire remporte une majorité importante (SFIO 149 sièges, communistes 72) → devient le Front populaire.
Léon Blum est appelé à la présidence du Conseil.

Le Front populaire dirige le pays, mais en 1937 Blum annonce une pause dans le programme social (réforme des retraites) et perd ainsi le soutien de certains socialistes.
Les congés payés, la semaine de 40h, etc. sont des mesures lourdes à assumer.
Blum se retrouve pris entre le patronat mécontent et l’extrême gauche qui trouve qu’il ne va pas assez vite.

Cette double opposition fait que le gouvernement de Léon Blum ne va pas tenir.
En 1937, son ministre des finances demande les pleins pouvoirs financiers.
La Chambre des députés les lui accorde, mais le Sénat dominé par les radicaux refuse.
→ le gouvernement est paralysé
→ Léon Blum démissionne le 22 juin 1937

B – Le destin des partis jusqu’au milieu du 20e siècle

1) Le classement des partis : le caractère relatif de la distinction gauche-droite

La distinction entre gauche et droite correspond à l’endroit où on s’asseyait dans l’hémicycle au moment de la Révolution française.

La droite serait attachée à la défense d’intérêts particuliers, à la réaction et à la conservation.
La gauche serait attachée à une forme de progrès, une vision plus collective et généreuse.
Mais cette distinction repose sur des mythes ; ex : le nationalisme est un mouvement né à gauche, aujourd’hui de droite.

Lorsqu’un parti gouverne, il est progressivement poussé vers le centre.
En 1789, la droite correspond aux monarchistes. En 1792, ils ont disparu ; la droite correspond aux girondins.

Les partis de droite et d’extrême droite d’une époque donnée ont tendance à disparaître ; ils sont remplacés par des partis plus modérés.
→ les partis se déplacent sur l’échiquier politique

2) Aperçu de l’évolution des principaux partis politiques

L’Action française est une ligue constituée par Charles Maurras.
Elle est nationaliste et monarchiste.
Elle considère que la Révolution a favorisé l’anarchie et l’individualisme.
C’est une adversaire de la République.
Elle s’attaque à l’Allemagne.
Elle est hostile au capitalisme et partisan du corporatisme – se méfie de l’industrie.

En 1926, le pape condamne l’Action française et interdit aux catholiques de lire les publications de Charles Maurras sous peine d’excommunication (raison morale : utilisation de la violence + raison politique : le pape cherchait à réconcilier la France et l’Allemagne).

Les Croix-de-Feu est une ligue fondée en 1927.
Elle est plus modérée que l’AF.
Elle réunit des vétérans de la guerre.

1933 : création du Parti franciste, fondé par Michel Bucard.
Subventionné par Mussolini et calqué sur le modèle fasciste italien.

La Solidarité française est une ligue qui veut restaurer un pouvoir fort.
Elle met en avant la figure du chef qui doit diriger la France.

Le Parti populaire français est créé par Jacques Doriot (à l’origine communiste).
Il évolue vers le nationalisme et se ralliera au gouvernement de Pétain.

Ces partis d’extrême droite n’ont jamais vraiment réussi à intégrer le gouvernement, mais ne le veulent pas réellement → ils sont contre le parlementarisme.


Le général de Gaulle rassemble un mouvement après la Seconde Guerre mondiale.
Il organise le RPF (Rassemblement du peuple français) en 1947.
Objectif : s’entendre pour défendre la France et la République dans le contexte de la guerre froide.

Le RPF devient un parti comme les autres.
Il remporte un grand triomphe à partir de 1948, quand il rassemble 31% des voix (plus que le Parti communiste).

En 1958, De Gaulle revient (nouvelle Constitution) et forme un nouveau parti, l’Union pour la nouvelle République.
Au départ, favorable à l’Algérie française, puis en 1962 favorable à l’indépendance de l’Algérie.

En 1967, le mouvement change de nom pour l’Union des démocrates pour la 5e République, puis l’Union des démocrates républicains (UDR).
L’UDR est confrontée à mai 1968. Le général quitte le pouvoir en 1969 et le parti se fédère autour de Georges Pompidou.

On distingue ensuite :
> le RPR (suite de l’UDR), qui se réunit autour de Jacques Chirac ; et
> l’UDF, qui devient le Modem actuel (autour de Valéry Giscard d’Estaing).


Le Parti radical est le plus grand mouvement politique jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.
À partir des années 1940, son déclin commence.
La majorité des radicaux se rapprochent des socialistes et les radicaux du centre sont absorbés dans l’UDF.

Le SFIO obtient certaines mesures, comme la sécurité sociale ou des nationalisations.
Il est en perte de vitesse à partir des années 1940.
Il devient le Parti socialiste en 1969 et est restructuré en 1971 par François Mitterrand, qui signe un programme commun d’union de la gauche qui permet son élection en 1981.

Les communistes entrent au gouvernement grâce au Front populaire mais n’entrent sur le devant de la scène qu’après la Seconde Guerre mondiale grâce à leur participation dans la résistance.

Après la guerre, ils obtiennent de grands succès aux élections et sont le 1er parti de France en 1945.
Ils prônent la reconstruction industrielle de la France et une intervention accrue de l’État.
Ils se rapprochent ensuite des socialistes.

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